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groupe de meneurs suivant avec persistance un dessein arrêté ? Qu’on en juge.

En cinq ou six semaines, du 15 février au mois d’avril, le comité a pris différentes formes : commissions préparant ou révisant les statuts, comité central de la garde nationale, gouvernement insurrectionnel, pouvoir indéfini à côté de la Commune. Chacune de ses délibérations, à toutes les époques, d’après les procès-verbaux, réunissait environ dix à vingt membres. Eh bien ! plus de cent personnes ont passé par le comité central ; on se demande, à la fin, si c’est un comité ou un carrefour.

J’ai déjà dit que des vingt fondateurs, un seul restait le 15 Mars. Le 28 février, à la seconde réunion, dix-huit nouveaux noms paraissent, dont dix ne figurent plus quinze jours plus tard. Le 15 mars, le groupe qui prendra le pouvoir trois jours après, contient sur trente-cinq membres, vingt-quatre personnes restées jusque-là étrangères au comité.

Profond calcul, dira-t-on, système prémédité pour mieux se dissimuler. Cette dissimulation serait étrange dans un comité qui publie ses actes dans les journaux, étale des placards sur les murs et défie ouvertement l’autorité ! D’ailleurs, les procès-verbaux révèlent les véritables causes qui ont fait de cet étrange comité une sorte de lieu de passage. On y surprend à chaque instant la mobilité, l’absence d’idées suivies, le pêle-mêle. Tel qui s’est fait élire renonce tout d’un coup au comité ; il y en a qui n’ont jamais siégé. D’autres, au contraire, sans être élus, viennent avec un ami et délibèrent, jusqu’au moment où, sur une réclamation, ils sont exclus. Ajoutez que les membres du comité sont toujours révocables : ils ont été nommés, sous