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escorte, au milieu des insultes de la foule, au petit Luxembourg.

Peu après le massacre, des chirurgiens-majors de l’armée visitaient les malades qui avaient échappé aux hommes du capitaine L… et les partageaient en trois séries désignées par les lettres A, B, C. On fit descendre les hommes de la série A : un peloton de chasseurs à cheval les attendait dans la cour pour les conduire au Luxembourg. On fit un appel nominal : les infirmiers voulaient donner du pain à ces malheureux. « Ils n’ont besoin de rien », dit l’officier qui commandait le peloton.

En effet, on sait pourquoi les gens étaient conduits au Luxembourg.

Tels sont les faits : voici maintenant comment ils furent racontés à cette époque :

On lit dans la Patrie du 29 mai :

« Mardi, quand l’armée est arrivée sur la place Saint-Sulpice, le séminaire que l’on savait être occupé par les insurgés allait être attaqué, lorsqu’un médecin de la garde nationale s’est présenté au général, donnant sa parole d’honneur qu’il n’y avait plus dans la maison que des blessés. Le général promit que cet établissement ne serait pas attaqué. Quelques instants plus tard, un coup de fusil partit d’une fenêtre, donna l’éveil au général et le décida à pénétrer dans le séminaire. Il n’y avait pas un seul blessé. C’était une trahison. Les coupables ont été immédiatement fusillés. »

On lit dans le Gaulois du 29 mai :

« Lorsque le 2e corps déboucha place Saint-Sulpice, nos soldats furent tout étonnés de la trouver déserte, à l’exception d’un chirurgien-major de la Commune qui, du porche de l’église, fit signe que l’édifice, converti en ambulance, était encombré de blessés.