Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

siennes de toute sorte. Gaston de Pressac, lundi, dans l’après-midi, croisant ces convois près de Sèvres, y notait des hommes « habillés de toutes les façons, quelques-uns en manches de chemise », même « des hommes comme il faut, proprement mis, évidemment victimes ». Il risque même sur ces derniers cette appréciation bizarre qu’ils semblent « heureux de leur arrestation ». Le numéro du Soir cité plus haut parle d’un convoi de deux mille prisonniers attachés avec de petites cordes « qui ne gênaient pas leurs mouvements », et d’un autre convoi de quatre-vingts femmes et de soixante enfants.

Fusillait-on dès lors un certain nombre de ces prisonniers en route ? L’honorable négociant de Passy que j’ai déjà cité m’a dit que, dès le premier jour, on fit au bois de Boulogne, dans les convois, un triage préliminaire pour le peloton d’exécution. Je n’aurais pas mentionné ce renseignement, une confusion de dates étant possible, si je ne trouvais ces mots dans le Soir du 24 mai, racontant par conséquent les faits du lundi 22 ou au plus tard du 23 :

« Dans le bois de Boulogne, on retrouve nos tranchées, nos gabionnages, la trace de nos batteries de brèche, et, — chose terrible, — « de larges plaques de sang sur le terrain du chemin couvert. »

D’où pouvaient provenir ces « larges plaques de sang », à cette date, après l’entrée des troupes, sinon d’exécutions sommaires ?