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de notoriété par sa façon de conduire les procès, renouvelée de Jeffreys.

Je le répète, je n’entends pas faire l’histoire de ces procès : elle serait aussi longue que celle des massacres. Je veux donner seulement un échantillon de la justice militaire par un exemple, — celui de M. Amouroux.

M. Amouroux avait pour défenseur M. Guillot, aujourd’hui député de l’Isère, et dont la Chambre a eu l’occasion d’apprécier le talent. Il fut condamné à Lyon, ailleurs encore, je crois, puis à Versailles. — Là, avant la séance, l’avocat, suivant l’usage, alla saluer dans la cour le président du conseil, M. J***, colonel d’infanterie.

M. J*** était avec deux autres membres du tribunal, ses inférieurs en grade. Il dit tout crûment à M. Guillot : « Que diable voulez-vous que nous fassions de votre client ? Il est déjà condamné deux fois à la déportation. Nous ne pouvons que le condamner à mort. »

C’est ce propos qui sauva M. Amouroux. L’avocat était prêt à prendre des conclusions. Pour les éviter, on se contenta des travaux forcés.

Mais ce propos n’est rien auprès de la pièce suivante qui était au dossier du procès, et qu’il faut reproduire intégralement :

1re DIVISION MILITAIRE
(Service de la justice)
9e Division militaire. — État-major général
no 659 (Copie)
« Versailles, 28 septembre 1871

» Monsieur le général de division,

» M. le commissaire du gouvernement près le 1er conseil de guerre de ma division me rend compte