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sans les calomnies meurtrières répandues sur la population de Paris, sans l’étrange perversion d’idées qui fit considérer comme des bêtes sauvages, qu’on pouvait tuer indifféremment et utilement, ainsi que des loups et des tigres, des Français, non seulement les fédérés, mais tous les habitants de la capitale.

Eh bien ! ces huées, la presse en donnait l’exemple ; ces calomnies, elle les propageait ; cette idée sauvage, elle la répandait partout.

Qui donc, au milieu même du massacre, crée, répand la légende de pétroleurs et de pétroleuses ? La presse : c’est une émulation d’inventions absurdes des reporters qui veulent se signaler. On donne des pendants (mais dans un autre genre) au fameux serpent de mer du Constitutionnel. L’un imagine et décrit un engin spécial pour lancer le pétrole, l’autre raconte l’histoire de l’incendiaire ayant sur lui cent quarante mètres de mèches soufrées. Je ne reproduis pas ces citations ; elles seraient innombrables ; et j’en ai donné des échantillons à propos des pétroleuses. Et ces inventions absurdes, lues à Versailles, lues à Paris, renouvellent la fureur des officiers qui fusillent, des foules qui insultent et maltraitent.

Ajoutez toutes les fausses pièces, dont l’ordre à Millière et à d’autres de se mettre à la tête des fuséens, et le fameux « Flambez finances » sont les plus connues. On ne les défend plus aujourd’hui. M. Maxime Ducamp lui-même avoue qu’elles sont apocryphes. Mais tout le monde y croyait alors, et chacune d’elles était grosse d’exécutions.

Et puis, on arrête des milliers d’innocents. (Les trois quarts des prisonniers survivants ont eu des ordonnances de non-lieu.) On fait des razzias dans tous les quartiers, on entraîne à Versailles, non pas seulement