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Lobau, à Mazas, à la Roquette ; le parc Monceau, l’École militaire, sont empestés par la mort ; il y a des cadavres dans les rues, sur les quais, sur les places, dans les maisons ; on a tellement tué que les soldats écœurés refusent de fusiller encore et que l’on craint une épidémie… Eh bien ! c’est ce jour-là qu’un écrivain de tempérament calme, plutôt lourd, grand éplucheur de vaudevilles, grand admirateur des couplets de Scribe, après avoir vu la foule se ruer sur les prisonniers sur les boulevards de Versailles, après avoir entendu la détonation sinistre des mitrailleuses de Satory, rentre chez lui et compose dans son cabinet l’article intitulé le Droit de punir, qui a paru le 30 au matin, dans le Gaulois daté du 31.

Cet écrivain, quelques jours avant, avait présenté les fédérés, les incendiaires, les exécuteurs des otages comme étant sous l’influence d’une véritable maladie mentale, et quelques-uns de ses lecteurs lui avaient écrit : Prenez garde, vous représentez les insurgés comme des aliénés, on en conclura qu’ils ne sont pas responsables, qu’on ne doit pas les punir ; vous allez énerver la répression. L’écrivain se hâte de se défendre d’une si injuste accusation. Énerver la répression, même après la semaine de Mai !… Il n’en a garde. Et alors il écrit une véritable philosophie de la boucherie, qu’il intitule « le Droit de punir » et qui devrait s’appeler « le Droit de massacrer ».

On dirait le pédant de la comédie italienne suivant le capitan pour lui faire, en langue scolastique, la théorie du sang versé, et mettre un syllogisme au pommeau de sa rapière.

« Les personnes qui parlent ainsi, dit-il (il s’agit des correspondants qui lui avaient reproché d’énerver la répression), vivent sur une vieille erreur qu’il est urgent