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mitrailleuses : c’est une erreur. J’ai longtemps hésité à croire, faute de témoignages précis et certains, que de telles exécutions eussent eu lieu. Je ne puis plus hésiter aujourd’hui.

Le lendemain de la prise du Père-Lachaise, MM. T***, père et fils, demeurant alors 65, rue de Bagnolet, ont été réveillés vers quatre heures du matin par de violentes détonations. Ils montèrent dans les combles de leur maison pour en découvrir la cause et aperçurent des soldats qui leur parurent appartenir à l’infanterie de marine. Ils avaient des mitrailleuses. Devant était placée une bande de prisonniers. MM. T*** les virent fonctionner sous leurs yeux.

On me cite un autre exemple.

Trente ou quarante prisonniers descendaient la rue de la Roquette, escortés par des soldats. Arrivés place Voltaire, on les fait ranger dans une encoignure, devant un quincaillier, au débouché de la rue de la Roquette. On les place la face contre le mur : les soldats s’écartent et démasquent les mitrailleuses qui font aussitôt leur office.

Je trouve encore, dans une lettre qui m’est adressée, les détails suivants ;

« Un capitaine du 71e d’infanterie, sauvé par miracle de Saarbruck, est devenu fou parce qu’il a été témoin, dans la cour des Quinze-Vingts, de l’acte de férocité que vous connaissez sans doute. Des malheureux ont été refoulés dans cette cour, puis on a amené des mitrailleuses qui on fait leur sinistre travail. Ce capitaine, qui était père de famille, vit une malheureuse femme qui tenait un enfant et ne pouvait mourir. Il dut l’achever : mais il est dans une maison de fous : il s’appelle C***. »

Je ne sais rien qui donne une idée si effroyable des