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let 1873, je me trouvais dans un café près de l’École-Militaire, avec M. L*** (je supprime le nom), commandant d’un bataillon de chasseurs à pied… Il nous dit qu’il avait été chargé d’occuper le quartier des Buttes-Chaumont ; que, l’ayant occupé, il faisait monter ses hommes par escouades, dans chaque maison, pour les visiter, et que toute personne trouvée les mains salies ou ayant l’épaule droite rouge était impitoyablement fusillée. »

Aussi, tous les quartiers occupés, dans les deux derniers jours, par la troupe, étaient de vastes charniers.

Consultez le Times :

« Dans le voisinage de Belleville et des Buttes-Chaumont, le nombre des morts est si grand, que tous les passants qu’on peut empoigner sont forcés d’aider à creuser des fosses et à ensevelir les corps…

» À l’angle de la rue de la Roquette gisent plus de soixante-dix corps d’hommes exécutés pour avoir été pris les armes à la main. Ils sont étendus les uns sur les autres, et le sang coule sur le pavé et dans le ruisseau. »

Consultez le Français :

« Dans la plupart de ces abris (les baraquements de la Villette) sont entassés les uns contre les autres des insurgés tués dans la bataille. (C’est l’honnête Français qui en répond.) Les visages barbouillés de sang et de boue, défoncés par les balles (ô Français, cela seul indique des hommes fusillés, et non tués dans le combat) sont horribles et répugnants à voir. Nous les couvrons de feuillage ramassé sur les avenues. Mais… on ne respecte pas longtemps le suaire. Les femmes surtout viennent successivement dépouiller les morts de ce dernier linceul. (Le Français attribue cela à la curiosité des femmes et au goût des émotions violentes ;