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XLVII

SATORY

De la place d’Armes, on allait aux diverses prisons.

Chose inouïe ! On y fusillait encore.

Le massacre dans le combat était sinistre. Le massacre dans les quartiers pacifiés était plus atroce. Les exécutions de prisonniers hors Paris, en route, se comprennent moins encore. Mais qu’on prît des victimes dans les prisons de Versailles ; que la boucherie continuât au siège même du gouvernement, à quatre lieues de la bataille, à deux pas de l’Assemblée, et cela sans forme de procès, sans jugement d’aucune sorte, sans ordre de n’importe qui…, voilà qui indique à quel point on se faisait un jeu de tuer.

Les journaux racontent un petit nombre de ces exécutions : notamment celle de Lescure. Quel fut le motif de celle-là ? J’ai divers récits sous les yeux : Le Siècle, le Soir, le Gaulois, d’autres encore racontent le fait et lui attribuent des motifs différents. Suivant certains journaux, il se serait querellé avec un officier auquel il refusait d’obéir et l’aurait frappé. Le Gaulois, généralement mieux informé dans ces sortes de choses (c’était le journal des officiers réactionnaires), dit seulement qu’il « excitait ses camarades à la révolte », et qu’il a été fusillé à quatre heures du matin sous un hangar.

Le Paris-Journal du 29 mai raconte ce qui suit :

« Un convoi venait d’arriver… Au moment où les prisonniers allaient entrer dans les caves, l’un d’eux s’a-