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mandé comme aux autres la part qu’il avait prise à l’insurrection, quelles étaient ses idées sur la Commune qu’il voulait fonder. Il m’a répondu : Je repousse très fort les actes odieux de la Commune ; je voulais fonder la République telle que je l’avais rêvée ; je n’ai pas réussi, c’est un malheur pour moi.

» Je lui ai dit : « Mais en somme, comment approuvez-vous ces faits odieux, comment admettez-vous ces incendies ? Il m’a dit : Mais c’est la guerre. — Ah ! vous appelez la guerre, mettre le feu dans tous les quartiers, faire sauter des populations ! Vous les avez vu ces femmes, ces enfants qui ne savaient où se cacher. — C’était la guerre. — Rien que ces mots-là dégagent tout homme qui vous condamne à mort. Vous ne méritez aucune pitié. »

» Les dernières paroles adressées à sa femme ont été : Tu élèveras mon enfant dans la haine de ceux que j’ai combattus. » C’était sa dernière recommandation.

» Madame Tony-Moilin avait demandé que son mari fût fusillé d’une certaine façon, qu’on ne touchât pas à la tête et qu’on lui donnât le cadavre.

» Le général en chef n’a pas cru devoir déférer à cette demande.

» On s’est souvenu de l’affaire Baudin, il a été enterré dans la fosse commune, et des ordres ont été donnés pour qu’il ne fût pas retrouvé. »

(Enquête sur le 18 mars, pp. 239, 240.)