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» Quand l’homme se releva, pâle, meurtri, je reconnus le docteur Tony-Moilin.

» Dès cet instant, je fus oublié, et un nouvel interrogatoire commença.

» Des dépositions des témoins et des déclarations même de Tony-Moilin, je pus apprendre qu’il était recherché depuis le commencement de la semaine ; qu’il avait trouvé d’abord asile chez un ami, lequel, bientôt inquiet de la responsabilité à encourir pour ce fait, l’avait prié d’aller chercher refuge ailleurs. Tony-Moilin, découragé, était retourné nuitamment à son domicile, rue de Seine.

» Faut-il que j’ajoute que la délation qui venait de l’en arracher avait été provoquée par l’un de ses voisins, un docteur en médecine, son confrère ?

» Ces premier points établis, le président a continué ses questions :

» — Vous connaissez le sort qui attend ceux qui ont pris les armes contre l’armée régulière, surtout quand, comme vous, ils ont eu un commandement supérieur ?

» — Je n’ai jamais eu de commandement, a répondu l’accusé du ton lent et calme qui lui était habituel ; mais simplement chirurgien du bataillon de mon quartier, et j’ai trop souvent trouvé l’emploi de ma lancette et de mes bistouris, a-t-il ajouté avec un triste sourire, pour avoir pu songer à me servir de mon épée ou d’un fusil.

» — C’est cela ! vous donniez vos soins aux hommes de la Commune, et vous faisiez fusiller nos soldats !

» — J’ai donné mes soins à tous, a répliqué encore Tony-Moilin, et je n’ai fait fusiller personne.

» — Dès le 18 mars, vous envahissiez la mairie du VIe arrondissement, et vous deveniez l’un des adeptes les plus fervents de la Commune,

» — J’ai été désigné, après la retraite du gouverne-