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tandis que MM. Floquet, Clémenceau, Lockroy envoyèrent leur démission à Versailles pour essayer l’œuvre de conciliation qui eût épargné tant d’horreurs, il resta député, et se borna à publier une lettre où il attaquait l’Assemblée en évitant d’abandonner son mandat. De quelque façon qu’on apprécie sa conduite et ses explications, il est certain que l’Assemblée n’eut pas à statuer sur une démission qui ne lui était pas donnée, qu’elle n’eut pas à autoriser des poursuites qu’on ne lui demanda pas, et que Millière continua à être investi du mandat de représentant du peuple.

Resté dans la grande ville que le pouvoir régulier bombardait et essayait d’affamer, il en partagea peu à peu la colère ; mais il ne fut mêlé en rien au gouvernement de la Commune ; il n’y accepta aucun titre ; il ne joua de rôle que dans le grand meeting des citoyens originaires des départements dans la cour du Louvre, meeting qu’il présida et harangua ; et le journal qu’il rédigeait avec Georges Duchesne était si bien considéré comme un adversaire par les hommes de l’Hôtel-de-Ville, qu’ils le supprimèrent par décret dans les jours qui précédèrent l’entrée des troupes à Paris. Aussi M. Jules Simon, dans son Histoire du gouvernement de M. Thiers, range Millière parmi ceux qui se séparèrent du gouvernement de Versailles sans s’attacher à la Commune.

Quel fut son rôle pendant le combat ? On raconte qu’il serait venu au Moniteur universel, avec des fédérés, qui y firent une perquisition ; on raconte (c’est M. Maxime Ducamp qui l’affirme) qu’on l’aurait vu à la prison de la Santé ; ce qui paraît certain, c’est que la veille de la prise du Panthéon, on l’a vu aller et venir dans le quartier sans armes, et en costume civil. Je lis dans le Times du 25 mai cette dépêche : « Hier, un chasseur à pied refusant