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vis quatre hommes, dit le correspondant, s’emparer de deux femmes, à huit heures du matin, près des magasins du Louvre. Elles furent conduites à coups de pied et de poing jusqu’à la porte du Palais-Royal, et là, on les força à s’agenouiller devant le monument en flammes. Une femme sortit de la foule… et s’annonça comme la sœur d’une des prisonnières : elle fut brutalement repoussée… pendant qu’une douzaine de soldats s’avançaient et les fusillaient tranquillement. Un morceau de tapis fut jeté sur leurs corps, et chacun alla à ses affaires comme si rien ne s’était passé. »

Des scènes semblables se produisaient dans tout Paris ; on a vu plus haut des exécutions en masse de prétendues pétroleuses. Eh bien ! c’est à ce moment qu’un journaliste en verve ou à court de copie publiait, comme pour un « Guide du massacreur dans Paris », la façon de reconnaître les pétroleuses parmi les passantes.

Voici, en effet, comment les décrit le Paris-Journal du 28 mai :

« Elles sont seules, le plus souvent mises modestement, mais non pauvrement. Elles glissent plutôt qu’elles ne marchent le long des maisons : on les prendrait volontiers pour des ménagères allant aux provisions. Celles qui sont munies de mèches les portent dans la main, et sans se baisser, sans s’arrêter, elles les lancent d’un geste brusque à travers les ouvertures qu’elles rencontrent sur leur chemin. Celles qui emploient le pétrole, dissimulent facilement dans leur jupe la bouteille qui le contient, puis opèrent comme les autres. Depuis hier, elles ont imaginé de cacher dans leur boîte au lait l’instrument de leur crime. »

À combien d’innocentes pouvait coûter la vie cette dénonciation des femmes « qu’on prendrait volontiers pour des ménagères allant aux provisions », qui font