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académicien a consacré trois volumes à affirmer que les fédérés ont voulu brûler non seulement les monuments incendiés, mais même les autres, et massacrer, non seulement les otages qui ont péri, mais même ceux qui ont survécu. Sa haine enragée n’a jamais assez de métaphores pour se satisfaire : et quand M. Ducamp a vu passer des cavaliers de la Commune, il pense de suite à un « troupeau de chacals ». On peut donc compter sur lui pour ne point innocenter légèrement les partisans du 18 mars. Eh bien ! dans le volume II de son livre, chapitre VI, 5, il traite la croyance aux pétroleurs de « légende absolument fausse ». Il ajoute : « Nulle maison ne brûla dans le périmètre occupé par l’armée française. Et il rapproche la peur sans objet qui s’empara de la population, d’une peur analogue qui se produisit au seizième siècle. En 1324, Paris, affolé, se mit aussi à « étouper » les soupiraux.

Un tel témoignage nous dispense de discuter la légende : tout le monde accordera ce que concède M. Maxime Ducamp : dans les quartiers conquis, il n’y eut ni pétroleurs, ni pétroleuses : eh bien ! c’est par milliers qu’on fusilla des malheureux et surtout des malheureuses, pour un geste suspect, pour une bouteille d’huile ou d’eau de Javel trouvée dans leurs mains, ou simplement pour un soupçon, pour la dénonciation d’un ennemi !

Les journaux de mai sont littéralement remplis du récit de ces exécutions : j’ai fini, en les dépouillant, par ne plus relever que les cas les plus extraordinaires : il faudrait un volume pour mentionner tous les assassinats commis sous ce prétexte.

J’en cite quelques exemples :

« Jeudi, une femme qui habitait le no 50 de la rue de Verneuil, et qui la veille avait fait la chaîne avec ardeur, a