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couvents, mais je compte encore plus sur celle d’une bonne mère, quand elle est libre de s’y appliquer. » Et de Maistre, ce grand philosophe catholique éminent, a résumé toute la doctrine que je cherche à exposer, dans cette phrase expressive : « Rien ne peut remplacer l’éducation maternelle. » Enfin De Gerando, ce penseur profond et élégant, disait : « Pour un grand nombre d’individus, il n’y a guère d’autre éducation que l’éducation maternelle. »

Tout cela, qu’on le remarque bien, ne veut point dire que ce travail d’éducation ne peut pas se continuer, plus tard et ailleurs, dans les collèges et dans les écoles, une fois l’enfant sorti de la maison paternelle ; non, telle n’est pas ma pensée. Mais, suivant la pensée d’Esquirol, « l’éducation de l’homme commence au berceau », et l’âme de ce jeune homme, rendu à l’école ou au collège, a déjà pris des plis qu’il est bien difficile de ramener, surtout si l’âge est avancé et si les plis sont profonds : de là l’importance de donner, dès les plus tendres années, une éducation ferme et morale ; et de rappeler aux gouvernements de tous les pays de la terre cette parole si profonde de Mgr de Ségur : « Les peuples modernes s’occupent assez de l’instruction qui ouvre l’esprit, et trop peu de l’éducation qui forme le caractère. »

L’instruction qu’il convient de recevoir doit, d’abord être chrétienne, puis, pratique, et, en troisième lieu, politique.

Ne vous effrayez pas de ce dernier qualificatif ; j’en justifierai l’emploi dans un instant, soyez-en sûr.

J’ai dit d’abord chrétienne : parce que je ne crois pas aux écoles sans Dieu et à l’instruction qui fait des impies et des athées. L’instruction, suivant moi, doit être chrétienne, parce qu’elle doit être religieuse. Elle doit compléter sous une forme ou sous une autre, mais suffisamment à tous égards, les connaissances religieuses reçues à la maison ou à l’église.

Je sais bien que, sous ce rapport, je suis en désaccord avec quelques personnes, qui sont d’avis que l’instruction ne doit pas être sectaire, c’est-à dire que la religion doit être bannie de l’école.

Je m’inscris en faux contre cette proposition ; je l’ai toujours combattue et j’espère que, Dieu aidant, je la combattrai toujours.

Si cette proposition est vraie pour l’école, elle l’est également