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dire par là : ni temps, ni argent, aucun sacrifice enfin, c’est un devoir sacré imposé par la loi de Dieu et la loi des hommes.

La loi de Dieu est donnée dans le Décalogue et dans la Bible. «Docete filios vestros», «instruisez vos enfants», est-il dit au chapitre 2, § 19 du Deutéronome. «Fili tibi sunt, erudi illos... a puerita illorum » : « Avez- vous des fils ? instruisez-les... dès leur bas âge», est-il dit en l’Ecclésiaste, chapitre 7, § 35.

Puffendorf, parlant des devoirs de l’homme et du citoyen, dit : «Un père et une mère doivent nourrir et entretenir leurs enfants aussi commodément qu’il leur est possible. Ils doivent former le corps et l’esprit de ces jeunes créatures par une bonne éducation, qui les mette en état d’être utiles à la société humaine en général, et à l’Etat en particulier ; qui les rende sages, prudents et de bonnes mœurs ; et ils doivent leur faire embrasser de bonne heure une position honnête et convenable.»

Pothier, parlant des obligations qui naissent du contrat de mariage, dit :

«Les personnes qui se marient contractent, par leur mariage, " l’obligation naturelle d’élever les enfants qui naîtront de leur mariage, et de leur fournir les aliments nécessaires et de leur donner une éducation convenable jusqu’à ce qu’ils soient en état de pourvoir par eux-mêmes à leur subsistance...»

L’article 203 du Code Napoléon a reproduit ces sages maximes de Pothier dans les termes suivants :

«Les époux contractent ensemble, par le fait seul du mariage, l’obligation de nourrir, entretenir et élever leurs enfants;» et l’article 165 de notre code est exactement dans les mêmes termes.

Il y a, dans ce texte légal, trois expressions parfaitement distinctes, auxquelles la grammaire et le droit donnent un sens différent : nourrir, entretenir et élever. Nourrir, c’est fournir au corps des aliments suffisants ; entretenir, c’est loger et vêtir ; élever, c’est instruire et perfectionner, corriger les vices et les défauts, tant du corps que de l’intelligence.

L’esprit et la lettre de notre loi imposent donc aux parents l’obligation d’instruire leurs enfants. C’est bien, d’ailleurs, le sens que Portalis et ses collègues, dans leur admirable discours préliminaire sur le code, prêtaient au texte que je viens de citer.