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avons dit : le peuple ne veut pas de nous, attendons qu’il nous comprenne mieux et il a fini par nous comprendre.

Eh bien ! si ces messieurs ont du patriotisme et croient sincèrement au gouvernement responsable, qu’ils aient donc le courage de se soumettre loyalement à la décision du peuple comme nous nous soumettons nous-mêmes lorsqu’elle nous est contraire. Des jours meilleurs luiront et ils prendront la position que le peuple voudra leur donner.

L’honorable député a été gâté par le peuple qui l’a conduit tout jeune au timon des affaires ; qui l’a porté sur le grand bouclier de la popularité et lui a donné cette position que ses talents lui méritaient ; et depuis, enivré par le succès, mon honorable ami a cru que le peuple ne pouvait se passer de lui. C’est là qu’il a eu tort ; c’est là qu’il a cessé d’être raisonnable ; parce qu’on est ministre un jour, ce n’est pas une raison pour espérer l’être toute sa vie.

Nous avons la prétention de croire que le peuple peut être heureux sans ces messieurs, et surtout qu’il peut très bien se passer de ces grandes démonstrations d’amitié et de dévouement qui me paraissent venir un peu tard. Je pense que les citoyens des villes de Québec et de Montréal ne s’en trouvent pas plus mal, malgré que M. de Boucherville n’ait pas réussi à leur mettre le pied sur la gorge ; et, pour dire toute ma pensée, au risque de déplaire à mon honorable ami, le chef de l’opposition, j’ajouterai que le peuple des campagnes n’a pas encore versé de larmes bien abondantes parce que Mr Church n’avait pas réussi à lui imposer cette jolie petite taxe de deux sous, comme l’appelait les orateurs conservateur ; et je suis certain que lorsque l’honorable député de Terrebonne voudra se décider à méditer un peu sur l’inconstance de la fortune et les vanités de ce bas monde, il saura se résigner en bon chrétien et accepter sans murmure la position que les circonstances lui font.

D’après l’opinion de nos adversaires, l’existence du gouvernement responsable n’est assuré pour nous que si les ministres d’Ottawa peuvent intervenir dans nos affaires provinciales, et destituer à volonté, et suivant les caprices de l’esprit de parti, le chef de notre exécutif. Cette prétention est absurde, car elle