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fédéral ; mais il reste en charge durant le bon plaisir du Gouverneur-Général.

Pour bien comprendre ces deux clauses de notre constitution il faut rappeler les différentes phases par lesquelles elles sont passées, les divers changements qu’elles ont subis, et les paroles qui furent prononcées pour expliquer et justifier ces modifications dans le texte primitif des résolutions de la conférence de Québec tenue en 1864. Je me rappelle les discussions qui eurent lieu à l’époque où les chefs conservateurs proposaient cette révolution politique et pacifique qui changea les conditions de l’ancienne province du Canada, surtout les conditions d’existence de la minorité à laquelle nous appartenons, nous, Canadiens-Français.

Et dans chacune de ces paroles on trouve la pensée bien arrêtée de rendre notre province indépendante et de mettre son autonomie à l’abri de toute tentative hostile.

L’on sait que c’est en 1864 qu’eut lieu la conférence de Québec dont les résolutions servirent de texte à l’adresse votée en 1865 par le parlement de l’ancienne province du Canada. La section 38 qui contenait le germe de ces deux clauses 58 et 59 de l’acte fédéral, se lisait comme suit : "Chaque province aura un officier exécutif appelé Lieutenant-Gouverneur, lequel sera nommé par le Gouverneur-Général en conseil, sous le grand sceau des provinces fédérées, et durant bon plaisir ; mais ce bon plaisir ne devra pas être exercé avant cinq ans accomplis, à moins qu’il y ait cause, et cette cause devra être communiquée par écrit au Lieutenant-Gouverneur immédiatement après sa démission et aussi par message aux deux chambres du parlement..."

Dans ce texte original le pouvoir de nommer et de démettre appartient à la même autorité ; celle du Gouverneur en conseil. Il n’y a pas de doute dans les termes qui sont parfaitement clairs ; le même pouvoir nommera, le même pouvoir démettra. Il est bien facile de constater toute la différence qu’il y a dans cette résolution 38 et dans les deux clauses 58 et 59 de notre acte fédéral.

J’ai cherché en vain dans les débats qui ont eu lieu en 1865, des explications de la part de l’Honorable sir John A. McDonald ou