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teur, de faire taire tous nos ressentiments de parti, et d’envisager cette question comme une question nationale. Car enfin il ne s’agit pas de savoir lequel des deux partis triomphera ; il ne s’agit pas de savoir si les libéraux resteront au pouvoir ou si les conservateurs les en chasseront. Nous devrions être capables, ce me semble, de nous élever au-dessus de ces considérations mesquines ; nous devrions être assez patriotiques, tous tant que nous sommes, libéraux ou conservateurs, Anglais ou Canadiens, pour mettre nos aspirations nationales au-dessus de nos espérances de partisans, de mettre l’amour de la patrie avant l’amour du parti.

Dans les remarques que je vais avoir l’honneur de vous soumettre, M. l’Orateur, j’oublierai les sympathies que j’ai pour mes amis ; j’oublierai l’estime profonde que j’ai pour l’honorable Premier Ministre, dont le caractère a conquis le respect de tous ses concitoyens, oui, j’oublierai toutes ces affections que je ne veux pas perdre, mais que je veux faire taire dans le moment, pour ne me souvenir que de l’honneur, de l’intérêt et de l’avenir de cette Province de Québec, que nous voulons tous, du moins je crois que nos adversaires sont de notre avis sous ce rapport, que nous voulons tous voir grande, heureuse et prospère, de cette Province de Québec qui fut notre berceau, comme elle sera notre tombeau, dont nous devrions transmettre intactes à la génération future les institutions, qui ont fait sa force et sa gloire dans le passé.

Les deux séries de résolutions que vous avez en mains, M. l’Orateur, et dont l’une nous est offerte par le gouvernement et l’autre par l’opposition, contiennent l’exposé de principes qui ne sont pas aussi contradictoires en apparence qu’ils le sont en réalité. Les deux partis pourraient admettre indifféremment, dans toute autre occasion, les idées émises par l’une ou l’autre de ces résolutions, à l’exclusion toutefois des deux principes qui me paraissent tout à fait opposés ; et c’est là qu’est toute la difficulté. Le gouvernement veut faire déclarer comme doctrine, que le parlement de notre Province est, dans les limites de ses attributions, indépendant du parlement fédéral et l’opposition, de son côté, cherche à faire affirmer que celui-là est complètement sous le contrôle de celui-ci.