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Je me sens blessé ce soir, Monsieur, dans mes sentiments religieux et humilié dans mes susceptibilités nationales ; j’ai honte pour la Province de Québec du triste spectacle que l’honorable ministre des Travaux Publics a donné ce soir dans cette enceinte aux nationalités étrangères qui composent la majorité de cette Chambre. Les co-religionnaires du Nouveau-Brunswick ont trouvé une voix éloquente pour défendre leurs droits dans le Parlement anglais, et ils n’ont pu entendre ce soir tomber des lèvres d’un ministre canadien-français et catholique que des paroles de trahison.

L’honorable ministre n’a pas eu le courage de résister aux séductions de son collègue, le premier ministre ; et, pour un sourire de son chef, il a vendu les cent mille catholiques qu’il invitaiten 1865 à entrer dans le giron protecteur de la Confédération. Il ne s’est pas contenté de sa propre trahison ; mais il a voulu encore associer ses compatriotes à sa honte et leur faire partager son déshonneur ; les murs de cette Chambre retentissent encore des paroles qu’il prononçait, il n’y a qu’un instant ; et la députation de toute la Puissance n’a pas entendu sans frémir d’indignation l’appel chaleureux qu’il faisait aux représentants de Québec, qu’il aurait voulu rendre ses complices ; après avoir déserté le poste que ses amis avaient confié à ce qu’ils croyaient être son honneur, il les invitait à passer avec lui dans les rangs ennemis, afin qu’ils pussent joindre leurs efforts aux siens et perdre plus sûrement la sainte et noble cause qu’il avait juré de défendre, en face de tout le pays.

Mes paroles sont sévères, M. l’Orateur, mais j’ai peur que le pays ne dise demain qu’elles sont justes et méritées. J’ai cherché dans les remarques que je viens de faire, à expliquer la section 93e par la pensée de ceux qui l’avaient écrite. Je veux maintenant l’expliquer d’après le texte même et suivant les règles ordinaires de l’interprétation des statuts. J’ai déjà eu l’honneur de dire que cette clause reconnaissait trois sortes d’écoles : — séparées, dissidentes et confessionnelles. Je traduis le mot denominational par celui de confessionnel, car je crois que c’est le seul qui puisse rendre, dans notre langue, le mot tout-à-fait moderne de denominational. Webster donne le vrai sens de ce