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pays ses efforts, ses veilles, les faibles ressources dont il disposait et ce chef d’un grand parti, qui est resté pauvre, a été accusé de vénalité !

Puis, quand ce flot de calomnies impuissantes est venu se briser contre le bon sens éclairé de l’opinion publique, quand un jury composé d’adversaires en a eu fait justice, quand on s’est aperçu que ces clameurs n’avaient pas ébranlé, un seul instant, la confiance et l’estime des bons citoyens, aloi-s on a tenté, d’abord par réticences, ensuite par commisération affectée, de mettre en doute la capacité politique de M. Mercier. «Ces pauvres libéraux n’arriveront jamais, disait-on : encore s’ils avaient un autre chef.»

Nous passons ici les commentaires, car nous nous figurons que ces philosophes dédaigneux et repus du parti de la corde doivent commencer aujourd’hui à changer de ton et de langage. Nous aurions d’ailleurs mauvaise grâce à nous plaindre d’eux. En surpassant, comme homme d’Etat, l’attente de ses plus chauds partisans et en se révélant à l’opinion publique dans un rôle nouveau, M. Mercier a d’autant plus grandi, dans la considération du pays, qu’on s’était efforcé de le rabaisser mal à propos. La calomnie tue quelquefois les faibles ; elle relève les forts.

La campagne de la dernière année ne réclamait point seulement les talents d’un vigoureux lutteur. Pour faire vivre une alliance politique, formée entre des hommes naguère profondément divisés, il faut à la fois beaucoup de tact, une prudence vigilante et une habileté unie à une loyauté parfaite. Personne n’ignore qu’au début de la lutte, la situation de M. Mercier vis-à-vis de certains conservateurs-nationaux était délicate. Dans son propre parti, il avait plus d’une résistance à vaincre, plus d’une susceptibilité défiante à ménager. Chose curieuse ! Cet homme dont on avait surtout chercher à contester le caractère, a séduit dès le premier jour ses anciens adversaires, par la loyale franchise de son attitude, par son invariable attention à ne promettre que ce qu’il pouvait tenir et à tenir toujours la parole donnée.

Il faut le dire hautement. Si beaucoup de difficultés, sur lesquelles nos adversaires comptaient, ont pu être évitées ; si l’union nationale s’est maintenue et fortifiée, pendant le cours de la lutte ;