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La position qui m’est faite dans les rangs de mon parti, toute honorable qu’elle soit, ne laisse pas d’être fort difficile. Heureusement que j’ai pour m’aider dans l’accomplissement des devoirs que j’ai assumés les leçons de sagesse et d’expérience que me donne la carrière si bien remplie de mon honorable prédécesseur. Je m’efforcerai toujours de les mettre à profit le plus fidèlement possible. Mes efforts seront d’autant plus énergiques, d’autant plus considérables, d’autant plus constants que j’ai la conviction qu’en agissant de la sorte je travaillerai dans l’intérêt public.

Si je tourne maintenant mes regards vers la droite, je trouve que là aussi, par une singulière coïncidence, la direction politique du parti ministériel a changé de mains. La vacance nous a donné un remaniement ministériel, avec un premier ministre qui pour la première fois figure sur notre scène parlementaire. Avec les qualités et les talents qui le distinguent, je ne doute pas que mon honorable ami, le premier ministre, s’acquittera on ne peut mieux de la mission qu’il a acceptée. Mais la Chambre peut se tenir pour certaine que l’opposition est décidée, malgré ses dispositions bienveillantes (rires) à l’égard du premier ministre et de son cabinet, de remplir fermement son devoir. J’espère que les discussions seront toujours conduites avec sagesse, que le langage, comme il l’a été par le passé, continuera d’être marqué au coin de la plus grande courtoisie. Quand à moi, je suis bien décidé à faire mon devoir vigoureusement et fermement tout en y mettant les formes nécessaires.

Naturellement je me suis fait un devoir d’étudier le discours du trône, qui est l’exposé officiel de la pensée ministérielle sur les affaires publiques de cette province. J’avoue que c’est un chef-d’œuvre dans son genre, c’est-à-dire, qu’il serait difficile de trouver une meilleure rédaction pour dissimuler aussi bien le vide de la politique ministérielle. C’est un brillant assemblage de mots sonores qui peignent une perspective magnifique, mais si on scrute un peu la portée et le sens de ces phrases à effet on découvre que les honorables ministres ont craint d’aborder le point sérieux et le plus considérable de la situation, je veux dire la question de l’équilibre des budgets. Ce n’est pas que je ne me rends pas compte des difficultés qui entourent le règlement de