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Il faudrait renoncer une fois pour toutes à cette idée de constituer une fois pour toutes des hiérarchies où ce seraient les différents ordres, les différents royaumes qui seraient non seulement échelonnés mais fixés dans leur échelonnement. Cette solution est une solution de paresse, cette fixation est une fixation de paresse. C’est à l’intérieur des différents ordres, des différents royaumes qu’il faut chercher, qu’il faut poursuivre, qu’il faut reconnaître des hiérarchies, des subordinations, des coordinations parallèles. De valeur, de mérite, de clair, de trouble, de distinction, de profondeur. Des hiérarchies parallèles, comparables, correspondantes, et sans doute communicantes.

Ici encore les uns et les autres se trompent, ou plutôt les uns et les autres abusent. Mais de la même erreur et du même abusement. Au lieu de convenir qu’il y a des passions profondes et des passions superficielles les romanciers veulent que ce soit la passion, comme telle, qui soit elle-même, en son essence, profonde. Ils veulent qu’elle n’ait qu’à se montrer, à être la passion, pour être profonde. Parce qu’ils veulent qu’eux-mêmes n’aient qu’à se montrer, à traiter et même à parler de la passion pour être des profonds et des mystérieux. Et par contre et encontre les antiromanciers, les critiques veulent que ce soit la critique, comme telle, qui soit, elle-même, en son essence, claire. Ils veulent qu’elle n’ait qu’à se montrer, à être la critique, pour être claire. Parce qu’ils veulent qu’eux-mêmes n’aient qu’à se montrer, à traiter et même à parler de critique pour être des clairs et des illuminateurs. Mais moi qui n’ai aucun système et qui à cause de cela ne ferai aucune fortune, (je dis même intellectuelle), je suis forcé