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C L I endai nt (or nous venons de voir que ces assassins avaient justement des noms d'assassins). Il y était cer- tainement poussé par son goût de l'antithèse (les assas- sins fournissent évidemment une excellente matière, une excellente thèse à toute antithèse). Mais enfin il y était poussé encore plus que cela. Et encore il y était poussé encore plus que par son romantisme. Il faut le dire, il avait une prédilection particulière pour les assas- sins. Ils sont partout dans son œuvre en des points secrets de compétence. En des points secrets de complaisance. Dans cette énorme érudition sans base qui lui a si par- faitement réussi, il avait une érudition particulière, très bien assise, des assassins. Il savait des secrets, de ces choses que personne ne sait. Il avait des renseigne- ments à lui. Dans cette œuvre énorme, c'est tout un filon, auquel il tenait évidemment beaucoup. Dans son esprit la guillotine avait une grandeur (de romantisme) unique. Une sorte de grandeur limite. La guillotine était évidemment pour lui un instrument merveilleux de sang et de mort, un appareil. La guillotine est dans toute son œuvre. Elle se lève comme une aurore de sang. Elle se couche comme un couchant de sang. Voyez encore dans les Châtiments, VII, v, la première idée qui lui vient, l'idée poétique que lui donne la lune qui roule, c'est que c'est une tête coupée :

Tout à coup la nuit vient, et la lune apparut Sanglante, et dans les deux, de deuil enveloppée, Je regardai rouler cette tête coupée.

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