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CLIO l'air, (et par voie de complémentation à la parole) dans ces deux poèmes comme jumeaux, dans l'appareillage, dans l'articulation de ce double poème. Tout ce que je veux retenir aujourd'hui, (laissons l'autre question pour demain ou pour quelque après demain: il faut remettre au lendemain ce que l'on pourrait faire le jour même), le peu que je veux retenir aujourd'hui, (je n'oublie point qu'aujourd'hui nous appartenons au problème du nénuphar), c'est cette jointure unique du métier et du génie, que nous aimons tant à trouver, qu'en fait nous trouvons toutes les fois qu'il est nécessaire, je veux dire toutes les fois que nous sommes réellement en présence d'un chef d'oeuvre. Il n'y a point de grand réussite dans l'ordre du génie, dit l'histoire, (et peut- être dans l'ordre de la sainteté), sans que l'un suive l'autre, sans que l'un aille avec l'autre, sans que l'un s'entende bien avec l'autre, sans que le serviteur marche bien dans les pas du maître. (Comme il n'y a sans doute pas de sainteté sans une secrète obéissance, sans une secrète entente du corps à l'âme, même dans la querelle). (Là est véritablement, et là seulement, la fleur de grâce). (Et il y a certainement un métier de la sainteté comme il y a un métier de génie). Je ne retiens pour aujourd'hui, dit l'histoire, dans cette sorte de chef d'oeuvre unique, que l'appareillage du métier au génie, que cette obéissance parfaite, que cette sujétion, cette séquence, la parfaite jointure de l'articulation du métier à l'articulation du génie. (Et secrètement peut-être la parfaite contre-jointure de l'articulation du

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