Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

ŒUVRES POSTHUMES mauvaise lecture d"Homère de nous découronne en un certain sens et d'une certaine sorte et pour une cer- taine part, pour un fragment, proportionné, découronne d'autant l'homme et l'œuvre; une bonne lecture le (re)couronne(rait). Une mauvaise lecture de nous d'Ho- mère, enfin d'Homère par nous, le redécouronne. Et c'est ainsi, un perpétuel, un temporellement éternel va-et-vient, un achèvement qui n'est lui-même jamais achevé, un désachèvement qui lui-même est le seul qui puisse peut-être s'achever, car c'est ici l'ordre du tem- porel, et c'en est la loi, c'est (ici) le mécanisme même du temporel que dans cet ordre, dans cet acte commun, dans cette opération commune du lisant et du lu, de l'auteur et du lecteur, du texte et du lecteur, les achè- vements, les couronnements, les augments, les incré- ments ne sont jamais assis, éternellement acquis, irré- vocablement posés. Et au contraire les dégradations, les déperditions, les décroissances peuvent être, devenir acquises, être assises, être acquises, éternelles, tempo- rellement éternelles, posées, irrévocables. C'est la loi même, le jeu, le fonctionnement du mécanisme tem- porel. Les valeurs positives ne peuvent point s'y ajou- ter imperturbablement, en toute sécurité, indéfiniment, perpétuellement ni surtout irrévocablement. Les valeurs négatives au contraire peuvent (se retrancher) s'y ajouter indéfiniment, imperturbablement, en toute sécurité, perpétuellement, irrévocablement, irrépara- blement. Les valeurs d'accroissance, d'accroissement, de couronnement ne sont jamais sûres de leur accrois-

30

�� �