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ŒUVRES POSTHUMES faisant, d'avoir proclamé le contraire. Qu'il faisait le contraire.

Quand on se réconcilie sur une affaire, dit-elle, c'est qu'on n'y entend plus rien. En ce sens il n'y a qu'une affaire, dit-elle, sur laquelle nous sommes sûrs qu'on ne se réconciliera jamais et sur laquelle nous sommes sûrs qu'il y aura une division éternelle : c'est l'affaire Jésus. Et dans le même sens c'est la seule aussi dont nous sommes sûrs que l'on ne fera jamais l'histoire. La plus grande disgrâce qui pourrait arriver au monde, et la seule peut-être qui lui sera certainement évitée, c'est, ce serait que le monde fût admis à se faire histo- rien de l'affaire Jésus ; que cette division éternelle cessât sur Jésus; que Jésus devînt matière d'histoire et d'ins- cription ; (au lieu d'être ce qu'il est essentiellement, matière de mémoire, matière de vieillissement et par suite et seulement par suite source d'un rajeunis- sement éternel) ; et qu'une réconciliation se fît sur Jésus qui fût autre que la réconciliation même du juge- ment.

Qui dit réconciliation en ce sens historien, dit-elle, dit pacification et momification.

Ce qu'on reproche à M. Dreyfus, dit-elle, ce n'est point tant de s'être réconcilié; il était homme; il devait devenir historien ; ce que l'on dit, c'est que ce n'était pas à lui à se réconcilier le premier; ce n'était pas à lui à commencer à se réconcilier.

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