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ŒUVRES POSTHUMES ce qui concerne l'histoire ne peut vous demeurer étran- ger. Il ne vous est donc point resté étranger qu'il y a huit ou dix mois je fus assez sérieusement malade. Je relus VIliade et Y Odyssée, ces livres de ma jeunesse. Mais je les relus comme il faut les lire, à moins que de les lire dans le grec. J'ai assez bien su le grec, au temps de ma jeunesse sage. Mais je ne suis plus au temps de ma toute première jeunesse, et je ne sais même plus le grec comme sous le père Édet. J'ai pris la tra- duction, à défaut de ce grec. J'ai pris Y Iliade et Y Odyssée dans la traduction (française) la moins savante que j'ai pu trouver; si pervertis que nous soyons, si corrompu que soit devenu notre temps, si arriérés, si barbares que nous soyons (re)devenus, nous modernes, et que nous nous soyons faits, il existe encore, au moins chez les bouquinistes, des traductions qui ne sont pas savantes; (malade je redeviens sincère, et il faut bien que je me repose, que je me délasse, que je me change un peu de mes exercices habituels). (Mes exercices habituels ce sont aussi les traductions savantes, et sur- tout les éditions savantes. Non, ce que j'en ai fait, des traductions savantes. Ça me connaît aussi, les traduc- tions savantes. Dans la traduction la plus ancienne, la plus innocente, la plus humaine, la plus simple, la plus honnête, la moins prétentieuse, la plus universitaire, ancienne universitaire, une édition, une traduction du bon temps, où Clytemnestre fût appelée bien authen- tiquement Clytemnestre, Minerve, Minerve, et Ulysse, Ulysse. Une traduction qui ait été donnée le plus sou-

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