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OEUVRES POSTHUMES je puis dire, dit-elle, sont chronologiques, chronogra- phiques : ils ne sont pas humains.

C'est pour cela, dit-elle, c'est précisément pour cela qu'ils ne donnent aucune idée de vieillissement ; le vieillissement étant l'humain même.

Et ce n'est pas seulement ce manque évident de sérieux qu'il y a dans les Burgraves ; cette intention évidente, (ce besoin), de faire plus fort que tout ; plus fort que tout le monde ; d'en empiler ; d'en mettre par dessus la tête de tout le monde. Et non plus seulement d'épater mais d'abrutir totalement le bourgeois. En un mot ce n'est pas seulement parce ce que lui-même il avait tout le temps rigolé en les faisant.

Il faut aller à la méthode même. Il faut demander le secret de ce manque total d'effet à la méthode même. Et nous touchons ici même, en ce point, dit-elle, au principe même du vieillissement. Le vieillissement est essentiellement, dit-elle, une opération de retour, et de regret. De retour en soi-même, sur soi-même, sur son âge, ou plutôt sur l'âge antécédent en ce qu'il devient son âge, l'âge actuel.

C'est aussi pour cela, dit-elle, que rien n'est aussi grand et aussi beau que le regret ; et que les plus beaux poèmes sont des poèmes de regret.

Le vieillissement est essentiellement une opération de mémoire, dit-elle. Or c'est la mémoire qui fait toute la profondeur de l'homme. (Bergson, dit-elle, et Matière et Mémoire, et YEssai sur les données immédiates de La conscience, s'il est encore permis de les citer).

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