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pas réellement en quelque sorte le prince des hommes).

Mépris de quoi ? Mépris au fond de ce que les dieux ne sont point périssables et qu’ainsi ils ne sont point revêtus de la plus grande, de la plus poignante grandeur. Qui est précisément d’être périssables. Mépris de ce que les dieux ne sont point passagers. Mépris de ce qu’ils ne sont point viagers. Mépris de ce qu’ils ne sont point transitoires. Mépris précisément de ce qu’ils demeurent et de ce qu’ils ne passent point. Mépris de ce qu’ils recommencent tout le temps et non point comme l’homme, qui ne passe qu’une fois. Mépris de ce qu’ils ne sont point comme l’homme, profondément, essentiellement irréversible. Mépris de ce qu’ils ont du temps devant eux. (Et ainsi de ce qu’ils n’en ont point derrière). Mépris de ce qu’ils ne sont point précaires, et temporaires. Mépris enfin de ce qu’ils ne présentent point cette grandeur unique que confère à l’homme d’être incessamment exposé.

Mépris de ce qu’ils n’ont point la triple grandeur de l’homme, la mort, la misère, le risque. ^Le propre du christianisme n’étant point d’avoir inventé, de nihilo, les trois misères, (les trois grandeurs), la mort, la misère, le risque, mais de leur avoir trouvé leur destination véritable et d’y avoir ajouté la maladie, cette moitié de l’homme moderne).

Et aux quatre d’avoir assigné toute leur véritable grandeur, d’avoir donné toute leur amplitude.

Mépris de ce qu’ils n’ont point revêtu cette triple grandeur que l’homme a reçue, que l’homme a revêtue,