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CL1Û comment elles le furent, vous le savez, mais vous (ne) le savez (que) par moi. On ne sait rien que par moi. Et quelle fortune elles en eurent, les petites sœurs, et comment, à force d'être sages en classe, quelles for- tunes, diverses, elles en obtinrent, quels avancements elles en reçurent, qui toutes pourtant aboutirent ensemble et se rencontrèrent à composer ce que vous nomme , d'après moi, et ce que vous nommerez éter- nellement la sagesse antique. Ce que vous serez tou- jours forcés de nommer la sagesse antique. Elles étaient jolies comme des cœurs, les toutes petites, les petites païennes; jolies à croquer. Ah ça leur a servi de suivre les conseils que je leur donnais tous les matins, en leur mettant leurs petits tabliers blancs, d'être bien sages à l'école du maître Apollon, notre oncle. Elles furent en effet bien sages, plus que bien : sages ; sages et de toutes ces infantes sagesses composèrent ce que vous serez éternellement contraints de nommer la sagesse antique : cette invention, unique; cette institu- tion composée, née d'une seule race, inventée, forgée, plus qu'imaginée, créée, enfantée par une seule race et dans une seule race, née d'un seul peuple et poussée, tiédie, fomentée d'une seule terre pour l'humanité. Notre oncle Apollon leur faisait l'école. Nous l'appe- lions notre oncle, parce qu'il nous faisait l'école; mais il était en réalité notre cousin germain, du côté de notre père. Ou plutôt il était notre frère même. Le même sang divin coulait dans ses veines. Seulement nous l'appelions notre oncle, parce qu'il était (un divin) ins-

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