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communs alexandrins les rangs communs, parfaitement alignés, parfaitement dressés, et les files communes de la commune infanterie. Comment ne pas reconnaître l'esprit militaire, l'intention militaire, l'invention mili- taire dans l'esprit poétique. Ceci aussi est la grande armée. L'ordre est l'ordre. Comment ne pas saluer ici un ordre militaire. L'ordre militaire même. Ou aussi bien, ou ensemble, n'est-ce point la grande armée, je dis la grande armée militaire, qui marche comme la plus grande armée poétique du monde. Même ordre et même ordre, que l'on ne nomme pas en vain l'ordre de bataille. Ici comme là la commune, la régulière infan- terie. Ici c'est l'alexandrin. Ce n'est pas seulement la reine des batailles. Mettons pour nous que c'est le fond même de toute armée. Et dans cette infanterie d'alexan- drins, dans cette piétaille de Hugo les strophes sont les formations ; parfaitement régulières ; formations de rassemblement, prêtes à marcher; formations de déploiement, prêtes à mourir. Formations de rassemble- ment, qui sont comme des noyaux vivants, (des noyaux carrés), des noyaux de giration d'où tout un tourbillon va sortir. Développements de ces noyaux, formations de déploiement, déroulements qui sont comme des vagues qui déferlent. Et les intervalles aussi, parfaitement gardés entre ces bonnes troupes, comme sur le terrain. Car l'ordre des pleins n'est pas le seul ordre qui marche. Il faut qu'il y ait aussi, complémentairement, l'ordre des vides. Ou plutôt il n'y a point deux ordres, et qui soient complémentaires. Il n'y a qu'un ordre, et c'est

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