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ŒUVRES POSTHUMES

ne commandait que le premier vers. (Les autres rimes et assonances sont plutôt généralement en a dans le vieux Malbrou). Alors dans Hugo la rime en erre com- mande comme une grande barre de gouvernement les dix-sept couplets. Ou plutôt elle arme comme une extrémité de résonance funèbre ces dix-sept grandes barres de gouvernement que sont les dix-sept deuxièmes vers, les dix-sept refrains retombant comme autant de glas, les dix-sept refrains dix-sept fois identiques à eux-mêmes, les dix-sept longs vers horizontaux comme une barre de justice, les dix-sept vers de neuf pieds commandant dans des vers de six, les dix-sept balan- ciers du règlement de cette danse :

Paris tremble, ô douleur, ô misère !

Ce vers unique, ce glas commande tout et de toutes mains. Il commande de tous les commandements. Il commande par sa teneur, il commande par le rythme, il commande par la rime, il commande par la position.

Il commande par la teneur. Ceci est le secret même du secret. Paris tremble, ô douleur, ô misère ! Par son texte même il a un commandement funèbre d'une grandeur peut-être unique. Mais n'analysons point, dit l'histoire, ce qui est du génie même. N'analysons point ce jeu de consonnes en r et des plus funéraires voyelles.

Il commande par le rythme. Non seulement il est un vers de neuf commandant à des vers de six, mais il est

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