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C L I

populaire, non pas, nullement une misérable imagina- tion arbitraire d'intellectuel. Il faut que la plus vieille souche, celle dont tout est sorti, soit elle-même une vieille souche de naissance et de fécondité, pleine (d'avance) de vie, (et de vieillissement), et de mort.

Pleine de vie et de mort, c'est le sort commun.

Or de toutes ces souches, naturelles, de toutes les souches populaires nulle ne sera jamais aussi féconde, c'est-à-dire aussi pleine d'avance de vie et de mort que nos vieilles chansons populaires. Et de nos chansons populaires il y en a peu qui soient aussi profondément populaires et ainsi aussi profondément fécondes que Malbrou. On objectera qu'elle est assez récente. Mais enfin, récente, ancienne, est-ce pas le même peuple.

Et la paix et la guerre et l'amour et la haine et la vie et la mort et le vieillissement, est-ce pas la même paix et la même guerre, et le même amour et la même haine et la même vie et la même mort et le même vieillisement. Et le salut enfin, dit l'histoire d'une voix soudainement devenue grave et comme un témoin forcé, est-ce pas le même salut.

��Elle se tut un long temps. C'est la même chanson populaire, dit-elle enfin. Rien n'est aussi profond que la chanson populaire. Et il n'y a point d'homme aussi sot que celui qui traiterait légèrement une chanson comme Malbrou.

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