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ŒUVRES POSTHUMES mules, celle qui avait la préférence de son cœur. Et montrant du doigt cette première colonne : Si je chas- sais les parenthèses, dit-elle, et un rire innocent con- tinuait de l'agiter, pensant à la salade que les infinis et que les zéros feraient, tombant dans les rimes et dans les numérotations littérales des vers.

��Ainsi la vieille chanson, dit l'histoire, a poussé une romance et une danse macabre. La vieille souche a poussé d'une part une tige et une feuillaison du plus jeune printemps. Et d'autre part elle a poussé ce tronc blanchi d'hiver et de mort. Cette contrariété n'est peut- être qu'apparente.

Nous pourrions dire d'abord qu'elle n'est peut-être qu'apparente en ce sens que c'est toujours avec du bois vif que l'on fait du bois mort. C'est l'ordre et c'est la nature et c'est le vieillissement temporel. C'est la mort temporelle. Qu'une même souche donne toutes les pro- messes du printemps et ensuite tous les regrets et tous les blanchiments de l'hiver, qu'elle donne toutes ces vertes promesses et qu'ensuite et qu'aussi elle donne cette vieille souche fendue et blanche et moisie et cre- vassée, non seulement il n'y a là aucune contrariété naturelle, mais cela est l'ordre même de la nature.

A une condition toutefois : c'est que cette souche elle-même, cette antique, cette première souche soit elle-même une souche naturelle, une antique souche

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