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Ce qui partout ailleurs est une écorcherie
N’est ici qu’un modeste et beau dévêtement ;
Ce qui partout ailleurs est une affouillerie
N’est ici qu’un durable et sûr dépouillement.


Ce qui partout ailleurs est un raidissement
N’est ici qu’une souple et candide fontaine ;
Ce qui partout ailleurs est une illustre peine
N’est ici qu’un profond et pur jaillissement.


Ce qui partout ailleurs se querelle et se prend
N’est ici qu’un beau fleuve aux confins de sa source,
ô reine et c’est ici que tout âme se rend
Comme un jeune guerrier retombé dans sa course.


Ce qui partout ailleurs est la route gravie,
ô reine qui régnez dans votre illustre cour,
Étoile du matin, reine du dernier jour,
Ce qui partout ailleurs est la table servie,


Ce qui partout ailleurs est la route suivie
N’est ici qu’un paisible et fort détachement,
Et dans un calme temple et loin d’un plat tourment
L’attente d’une mort plus vivante que vie.