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Ne dressez point ces comptes et ces nomenclatures. C’est beaucoup d’orgueil.

C’est aussi beaucoup de traînasserie. Et de paperasserie. Quand le pèlerin, quand l’hôte, quand le voyageur

A longtemps traîné dans la boue des chemins,
Avant de passer le seuil de l’église il s’essuie soigneusement les pieds,
Avant d’entrer,
Parce qu’il est très propre.
Et il ne faut pas que la boue des chemins souille les dalles de l’église.

Mais une fois que c’est fait, une fois qu’il s’est essuyé les pieds avant d’entrer.

Une fois qu’il est entré il ne pense plus toujours à ses pieds.
Il ne regarde plus toujours si ses pieds sont bien essuyés.
Il n’a plus de cœur, il n’a plus de regard, il n’a plus de voix
Que pour cet autel où le corps de Jésus
Et le souvenir et l’attente du corps de Jésus
Brille éternellement.
Il suffit que la boue des chemins n’ait point passé le seuil du temple.

Il suffit qu’ils se soient bien essuyé les pieds une fois avant de passer le seuil du temple.

Bien soigneusement, bien proprement et n’en parlons plus.
On ne parle pas toujours de la boue. Ce n’est pas propre.

Transporter dans le temple la mémoire même et le souci de la boue

Et la préoccupation et la pensée de la boue