Les armes de Jésus c’est la pauvre monture,
L’ânon de cette ânesse et c’est la courbature
De ses reins bâtonnés et c’est la sépulture
Dans un caveau prêté, c’est l’agneau sans pâture,
C’est la barque de Pierre errante et sans mâture,
Et le préteur de Rome et c’est la préfecture
Et le préfet de Rome et cette humble toiture,
Ce chaume au ras du sol et l’unique voiture
Avec un seul cheval et la vieille clôture
En mauvais fil de fer et la progéniture
Attendant sous la lampe une humble nourriture,
Espérant vaguement un pot de confiture ;
Les armes de Satan c’est cette dictature
De ces sept qui sont sept sur la même monture,
Sur un cheval pourri tenus par la ceinture ;
Les armes de Jésus c’est la sainte Écriture
Depuis le premier livre et c’est toute droiture
Depuis le premier pas et c’est toute armature
Tenant son homme roide et c’est toute ossature
Tenant son homme ferme et toute architecture
Tenant la maison pleine et basse de stature ;
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