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LE M Y S T f : R E

Que pour entrer dans le royaume des cieux.

Et qui ne connurent rien de la vie et qui ne reçurent de

la vie aucune blessure Que cette blessure qui les fit entrer dans le royaume

des cieux. Les seuls des chrétiens assurément qui sur terre n’aient

jamais entendu parler d’Hérode. Et à qui le nom d’Hérode sur terre n’ait jamais rien

dit. Sera-t-il dit que les plus grandes saintetés du monde Des vies entières de sainteté

N’auront pas déplié, n’auront pas déridé les âmes. Et que le chevalet même n’aura point acquis aux martyrs Une certaine blancheur, une certaine premièreté, Une certaine entièreté De la toute première Innocente enfance. Et que ce qui est regagné, défendu pied à pied, repris,

gagné, N’est point le même que ce qui n’a jamais été perdu. El qu’un papier blanchi n’est point un papier blanc. Et qu’un tissu blanchi n’est point une blanche toile. Et qu’une âme blanchie n’est point une âme blanche. Et que les plus près de moi ce seront ces blancs enfants

laiteux Qui n’ont jamais rien su de la vie et rien fait de l’exis- tence Que de recevoir un bon coup de sabre, Je veux dire placé au bon moment.

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