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Qui la tiennent pas la main,
La petite espérance
S’avance.
Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l’air
de se laisser traîner.
Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher.
Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle.
Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres.
Et qui les traîne.
Et qui fait marcher tout le monde.
Et qui le traîne.
Car on ne travaille jamais que pour les enfants.

Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.



Mes trois vertus, dit Dieu.
Maître des Trois Vertus.

Mes trois vertus ne sont point autrement que des hommes et des femmes dans une maison des hommes.

Ce ne sont point les enfants qui travaillent.
Mais on ne travaille jamais que pour les enfants.

Ce n’est point l’enfant qui va aux champs, qui laboure et qui sème, et qui moissonne et qui vendange et qui taille la vigne et qui abat les arbres et qui scie le bois.

Pour l’hiver.
Pour chauffer la maison l’hiver.
Mais est-ce que le père aurait du cœur à travailler
s’il n’y avait pas ses enfants.