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pour toutes, une fois pour toutes ses tragédies, une fois pour toute sa carrière, le jeu maximum était donné dans Andromaque, le jeu à quatre, avec maximum d’irréversibilité (dans la passion, chacun des quatre, (ou des cinq, exactement, car il faut y mettre Hector), chacun des cinq aimant qui aime un(e) autre, (et le circuit ne s’arrêtant que parce qu’Hector est mort), (et (ainsi) (ou peut-être même non ainsi, non pour cela) parce qu’Andromaque et lui, (seuls), forment un couple clos), (et ce couple clos seul peut arrêter le circuit, un tel circuit, y mettre un terme). Et ce n’est point par hasard que nous sommes conduits à parler de maximum et par maximum. Ce n’est point fortuitement que nous sommes contraints à faire intervenir cette expression venue des mathématiques. Il est certain que toute tragédie de Racine repose sur une sorte de jeu arithmétique, de combinaison arithmétique. Sur une combinaison de nombres, d’un certain nombre pour chaque. Andromaque par exemple au départ est une combinaison à quatre (ou cinq) ; elle donne sensiblement le maximum de nombre, le nombre maximum. Des formules arithmétiques très simples donnent (aussitôt) le nombre d’événements qui peuvent surgir de ces quatre (ou de ces cinq), le nombre maximum d’événements qui peuvent surgir d’un nombre déterminé de personnages interférant au maximum entre eux. C’est un nombre lui-même limité. Sous toute tragédie de Racine il y a, on distingue cette trame arithmétique. Bérénice même n’est point purement, uniquement une tragédie à deux. Elle est même elle aussi une tragédie à quatre, si l’on compte, comme on le doit, la raison d’État, personnage assurément plus important, personnage