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détail. Il faudrait beaucoup s’entendre sur cette ordonnance. Elle est réelle, et souveraine, dans le dialogue, dans le détail, dans le détail du dialogue. Le peu que nous avons donné d’Iphigénie est saisissant d’ordonnance, merveilleux de cette ordonnance. Mais aussitôt qu’on pousse un peu plus loin on s’aperçoit presque aussitôt que cette ordonnance n’est pas toujours un ordre, et que vite, et que bientôt il s’en faut de beaucoup ; que cette savante, que cette parfaite, que cette intelligente, que cette harmonieuse, que cette presque trop intelligente, que cette admirable ordonnance, (presque un peu fatigante), (et qui par une sorte de tension fatiguerait), (par une application comme trop tenue, soutenue, maintenue, que l’on donne et que l’on reçoit, qui ferait crier), bien tôt on s’aperçoit que cette impeccable ordonnance, loin d’être toujours un ordre, recouvre souvent les pires désordres, organiques. Tout le monde est forcé de s’apercevoir du désordre organique qu’il y a dans Phèdre, (je dis organique de tragique, je dis ici organique d’art seulement, je ne parle pas des autres, des autres organiques) ; non seulement un désordre (intime) de vie ; mais un désordre d’art ; un désordre organique croissant d’art. Ce désordre éclate dans Phèdre, où par ailleurs pullulent non pas seulement les beaux vers, mais des vers d’une profondeur, (d’humanité, de disgrâce), d’un retentissement, d’une beauté incroyable ; et tant des plus beaux vers qu’il y ait en français. Ce désordre éclate, à tous les yeux, dans Phèdre, mais il est partout, mais il était fréquent, lui-même le sentait, lui-même le savait. Et il allait croissant, depuis longtemps, presque depuis toujours, quand il éclata dans Phèdre et quand lui-même le sachant