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Soyez fiers ; vous avez fait autant que vos pères.
Les droits d’un peuple entier conquis par tant de guerres,
Vous les avez tirés tout vivants du linceul.
Juillet vous a donné, pour sauver vos familles,…

Vous êtes bien leurs fils ! c’est leur sang, c’est leur âme…

Ils ont tout commencé : vous avez votre tour.

C’est pour vous qu’ils traçaient avec des funérailles
Ce cercle triomphal de plaines de batailles,
Chemin victorieux, prodigieux travail,
Qui de France parti pour enserrer la terre,
En passant par Moscou, Cadix, Rome et le Caire,
       Va de Jemmape à Montmirail !


§3. — On ne saurait trop lire Hugo pour prendre des leçons de constance. On ne saurait croire combien de fois il a manqué, tenté, essayé, recommencé certains morceaux, certains vers et certaines strophes, avant d’atteindre, en un jour de bonheur, à la forme définitive, à la plénitude. Combien de fois il a lancé dans tous les sens des essais, avant d’obtenir une fois le morceau. Des essais qui ne lui revenaient jamais, qui ne lui restaient jamais sur la conscience, puisqu’il les publiait, puisqu’il publiait tout. Il y aurait tout un travail à faire, ou plutôt une multitude de travails, à prendre toutes ces familles, toutes ces parentés, toutes ces filiations, toutes ces contaminations, les bons enfants et les mauvais, les bien venus et les mal venus, les apolliniens et les avor-