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rature jusqu’au dernier vers exclus. À des habitudes, à des abondances, à des facilités. Son Dieu invisible au philosophe, qui suit immédiatement Booz, est grotesque. Sa première rencontre du Christ avec le tombeau, qui suit immédiatement après, n’est généralement qu’une épigramme anticléricale. Comme dans tout ce désert, dans toutes ces pierres de littérature, dans toutes ces pierrailles, dans tout ce jeûne, dans ces jours et ces jours de jeûne dans le désert cette soudaine, cette pleine ivresse du Booz s’explique, éclate. Dans le païen même, dans le pur païen, à ne considérer même purement que la veine païenne et non pas même cette insertion, cette référence du païen sur le chrétien, dans la pure veine païenne même il ne devait jamais retrouver un Booz, (à ne considérer que ce qu’il y a de païen dans Booz, à ne considérer que la veine païenne), pas même dans ses grands poèmes officiellement, professionnellement païens, pas même dans le Géant, le Titan, le Satyre.


Dans cette indécence, dans cette insolence, dans cette auguste nudité, dans ce dépouillement on peut voir, comme un géologue voit, les différentes couches, les différentes assises de son poème. Il se sentait si fort, il n’a rien dissimulé de cette disposition. De cette déposition. Les soudures sont apparentes, et on voit très bien comme il avait besoin de cette rime en dait. La première couche, la base, la barre d’appui horizontale est certainement le vers d’aboutissement, le vers de couronnement, le dernier vers,

Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.