Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même écrire, et à Dornes, qui lui au moins est dans le dictionnaire. Eh bien, Halévy, ce que je vous demande c’est précisément de faire un autre grand voyage, c’est de faire aussi le grand voyage de venir jusqu’à moi, jusque dans mon pays. C’est à dire. Quand vous êtes avec moi, Halévy, quand vous êtes dans mon pays, dans mon pays de pensée et dans mon pays de parole, dans mon pays de langage ce que je vous demande c’est de bien savoir malgré les apparences, malgré les aspects, c’est de bien vous rappeler, c’est de n’oublier point, malgré des apparences trompeuses, malgré de trompeuses ressemblances, malgré l’École Normale et tant d’apparences, d’autres apparences, malgré un voisinage, des voisinages trompeurs c’est de bien faire attention que quand vous êtes avec moi c’est que vous avez en réalité fait le même voyage. C’est que vous êtes rendu au même point. C’est que vous êtes en réalité rendu au point d’aboutissement du même voyage. Vous avez effectué le même déplacement. Quand vous êtes avec moi, Halévy, vous êtes dans une maison de paysan ; vous êtes dans une de ces fermes de Beauce, (j’y suis comme garçon de ferme, hélas, comme laboureur, non comme fermier), dans une petite maison de culture de Saint-Jean-de-Braye, de Vaumainbert, (lui aussi je ne sais pas comment il s’écrit ; et pourtant ce que j’y suis allé des fois. Cela prouve qu’il y a une grande distance entre la réalité et l’enregistrement de la réalité.) dans une petite maison de vigneron de la Barrière-Saint-Marc et de Fleury-aux-Choux, de Saint-Jean-de-Braye et de Combleux, de Chécy, de Vennecy, de Bou, de Mardié. Loury, Boigny, qu’il faut prononcer Bŏgny, avec un ŏ très bref, Don-