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fondeurs, une religion peuple, la religion de tout un peuple, temporel, éternel, une religion enracinée aux plus grandes profondeurs temporelles mêmes, la religion d’une race, de toute une race temporelle, de toute une race éternelle, mais qu’il n’est plus socialement qu’une religion de bourgeois, une religion de riches, une espèce de religion supérieure pour classes supérieures de la société, de la nation, une misérable sorte de religion distinguée pour gens censément distingués ; par conséquent tout ce qu’il y a de plus superficiel, de plus officiel en un certain sens, de moins profond ; de plus inexistant ; tout ce qu’il y a de plus pauvrement, de plus misérablement formel ; et d’autre part et surtout tout ce qu’il y a de plus contraire à son institution ; à la sainteté, à la pauvreté, à la forme même la plus formelle de son institution. À la vertu, à la lettre et à l’esprit de son institution. De sa propre institution. Il suffit de se reporter au moindre texte des Évangiles.

Il suffit de se reporter à tout ce que d’un seul tenant il vaut mieux nommer l’Évangile.

C’est cette pauvreté, cette misère spirituelle et cette richesse temporelle qui a tout fait, qui a fait le mal. C’est ce modernisme du cœur, ce modernisme de la charité qui a fait la défaillance, la déchéance, dans l’Église, dans le christianisme, dans la chrétienté même qui a fait la dégradation de la mystique en politique.

On mène aujourd’hui grand bruit, je vois qu’on fait