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tion, l’acquisition de l’histoire. Quand nos ennemis, quand nos adversaires nous reprochaient d’être le parti de l’étranger, ils avaient totalement tort, absolument tort sur nous et contre nous (sur notre mystique et contre notre mystique ; ils avaient partiellement raison sur et contre notre État-Major, qui précisément nous masquait à eux, qui faisait même tout ce qu’il pouvait pour nous masquer, devant le monde, et qui y a si parfaitement, si complètement réussi ; ils avaient partiellement raison, (peut-être pour un tiers, en quotité), sur et contre nos chefs, sur et contre notre politique, sur et contre nos politiciens, l’adhésion à Hervé et à l’hervéisme, la flatterie pour Hervé et pour l’hervéisme, la lâcheté, le tremblement de Jaurès, la platitude, l’aplatissement devant Hervé et devant le hervéisme, plus que cela l’empressement, la sollicitude empressée pour Hervé et l’hervéisme l’ont bien prouvé) ; mais enfin ils avaient le droit de ne pas nous connaître, dans le fatras de la bataille ils pouvaient à la rigueur, historiquement, à la rigueur historique ils pouvaient ne pas nous connaître ; la Foire sur la Place pouvait leur masquer l’intérieur de la maison ; ils pouvaient ne voir que la parade politique ; mais enfin au pis aller, à l’extrême, à la limite, à l’extrême rigueur quand nos ennemis, quand nos adversaires nous accusaient d’être le parti de l’étranger, ils ne pouvaient jamais que nous faire un tort temporel ; un tort extrême temporel, un tort capital temporel, mais en fin un tort temporel. Ils ne pouvaient pas nous déshonorer. Ils pouvaient nous faire perdre nos biens, ils pouvaient nous faire perdre la liberté, ils pouvaient nous faire perdre la vie, ils pouvaient nous faire perdre la terre même de la patrie. Ils ne pouvaient