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rience d’une incroyable profondeur, une épreuve, une expérience, une connaissance mystique. Il avait cet attachement mystique à la fidélité qui est au cœur de l’amitié. Il faisait un exercice mystique de cette fidélité qui est au cœur de l’amitié. Ainsi naquit entre lui et nous cette amitié, cette fidélité éternelle, cette amitié que nulle mort ne devait rompre, cette amitié parfaitement échangée, parfaitement mutuelle, parfaitement parfaite, nourrie de la désillusion de toutes les autres, du désabusement de toutes les infidélités.

Cette amitié que nulle mort ne rompra.

Il avait au plus haut degré, au plus profond, cette morale de bande, qui est peut-être la seule morale.

Or pour sa mystique même il avait cette fidélité mystique, cette amitié mystique.

Cette amitié, cette morale de bande.

Il avait cette fidélité à soi-même qui est tout de même l’essentiel. Beaucoup peuvent vous trahir. Mais c’est beaucoup, c’est déjà beaucoup que de ne pas se trahir soi-même. Beaucoup de politiques peuvent trahir, peuvent dévorer, peuvent absorber beaucoup de mystiques. C’est beaucoup que les mystiques ne se trahissent point elles-mêmes.

Beaucoup de maréchaux ont pu trahir Napoléon. Mais