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Il y a une politique juive. Pourquoi le nier. Ce serait le contraire au contraire qui serait suspect. Elle est sotte, comme toutes les politiques. Elle est prétentieuse, comme toutes les politiques. Elle est envahissante, comme toutes les politiques. Elle est inféconde, comme toutes les politiques. Elle fait les affaires d’Israël comme les politiciens républicains font les affaires de la République. Elle est surtout occupée, comme toutes les politiques, à étouffer, à dévorer, à supprimer sa propre mystique, la mystique dont elle est issue. Et elle ne réussit guère qu’à cela.

Loin donc qu’il faille considérer l’affaire Dreyfus comme une combinaison, politique, un agencement, comme une opération de la politique juive, il faut au contraire la considérer comme une opération, comme une œuvre, comme une explosion de la mystique juive. Les politiciens, les rabbins, les communautés d’Israël, pendant des siècles et des siècles de persécutions et d’épreuves, n’avaient que trop pris l’habitude, politique, le pli de sacrifier quelques-uns de leurs membres pour avoir la paix, la paix du ménage politique, la paix des rois et des grands, la paix de leurs débiteurs, la paix des populations et des princes, la paix des antisémites. Ils ne demandaient qu’à recommencer. Ils ne demandaient qu’à continuer. Ils ne demandaient qu’à sacrifier Dreyfus pour conjurer l’orage. La grande majorité des Juifs est comme la grande majorité des (autres) électeurs. Elle craint la guerre. Elle craint le trouble. Elle craint l’inquiétude. Elle craint, elle redoute plus que tout peut-être le simple dérangement. Elle aimerait mieux le silence, une tranquillité basse. Si on pouvait s’arranger moyennant un silence entendu, acheter la