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et en inspection. Qu’ils nous demandent des comptes, eux à nous, vraiment ce serait risible. Tout le droit qu’ils ont, avec nous, c’est de se taire. Et de tâcher de se faire oublier. Espérons qu’ils en useront largement.

Ce que je prétends, c’est que tout le corps mystique du dreyfusisme est demeuré intact. Qu’importe que les politiciens aient trahi cette mystique. C’est leur office même.

Après vous me direz que ni les États-Majors ni les comités, ni les ligues n’étaient donc de cette mystique. Naturellement qu’ils n’en étaient pas. Vous n’auriez tout de même pas voulu qu’ils en fussent. Qu’importe toute la Ligue des Droits de l’Homme ensemble, et même du Citoyen, que représente-t-elle, en face d’une conscience, en face d’une mystique. Qu’importe une politique, cent politiques, au prix d’une mystique. Tout détestables qu’ils soient, ils ne sont encore que par nous, ils sont encore et toujours nos débiteurs. Toute mystique est créancière de toutes politiques.

Leur détestation même est de nous, est notre œuvre, nous parasite.

Vous ajouterez que la victime elle-même n’était donc point de sa mystique. De sa propre mystique. Cela est devenu évident. Nous fussions morts pour Dreyfus.